Ascension des Âmes Déchaînées

Ascension vers l’addiction

Auteurs : Robert Dougherty, John Fiorillo, Justin Gary, Brian M. Kibler

Illustrateur : Eric Sabee

Éditeur : Marabunta

Nombre de joueurs : 1 à 4

Genre : Deckbuilding

Sortie : 2011 (version anglaise)

Description

L’ombre de Deofol rôde encore sur Vigil. Samael est tombé mais ses exactions marqueront à jamais les fondations des royaumes. Ses suppôts survivants sont divisés et cachés mais fomentent encore quelque plan machiavélique. Alors que Vigil se rassemble contre les ennemis survivants, elle est menacée…

Dans Ascension, les joueurs luttent tous ensemble contre les forces du mal. Ils recrutent des héros, construisent des artefacts, le tout sous forme de cartes.

Ils constituent ainsi un deck qui leur est propre, créant des combinaisons pour obtenir toujours plus de runes (et ainsi recruter des héros/artefacts), de force (pour affronter les monstres) et d’honneur (des points de victoire).

Critique

C’est amusant le monde du jeu de société. Et c’est aussi un peu à part, ça a ses particularités. Par exemple, si vous écoutez un album de rock récent (prenons, au hasard, les Black Keys), vous allez peut-être faire des comparaisons avec les autres albums du groupe, mais vous n’allez pas aller jusqu’aux origines du rock (ou même à aller jusqu’à dire qu’en fait, c’est le même genre que Led Zeppelin, mais en moins bien). Pareil pour les films, quand vous donnez votre avis sur un film, vous ne remontez pas à l’origine du genre de celui-ci, même si on peut l’ancrer dans un style et oser quelques comparaisons judicieuses.

Alors que si on parle d’un jeu de deckbuilding, la comparaison à Dominion est immédiate. Certes, le jeu a posé un jalon en terme de renouveau ludique, mais la façon qu’on a de comparer un jeu qui emprunte le même mécanisme de base à celui qui l’a initié est assez unique pour être remarqué. Du coup on parle de « Dominion-like », de « Caylus-like », alors qu’on parle peu de « Simon & Garfunkel-like », pour rester dans le domaine de la musique.

Cette introduction, absolument sans rapport à la qualité du jeu faite, allons-y de notre petit avis, qui bien sûr, fera quelques comparaisons avec Dominion, seul autre deckbuilding que je connaisse. C’est après plusieurs parties lors de tournois ou de soirées organisés par la boutique strasbourgeoise bien connue que j’ai finalement cédé et acheté Ascension. J’avais bien aimé mes parties, et finalement je me suis dis « Pourquoi pas ? ». Depuis, de nombreuses nouvelles parties ont été jouées, dans plusieurs configurations. Et c’est bougrement addictif. On en fait une. Puis la revanche. Puis éventuellement la belle. Et on ne se lasse pas, surtout à deux : ça tourne vite, c’est dynamique, trente minutes et c’est bouclé. Les parties, malgré des stratégies dont on a vite fait le tour, ne se ressemblent jamais tout à fait du fait du tirage des cartes, du tempo que l’on décide de suivre, de ce que fait l’autre… Il peut parfois y avoir une certaine frustration due à ce tempo qui ne nous sert pas toujours, où certaines cartes nous passent sous le nez, mais alors on ne peut s’en prendre qu’à nous même de ne pas avoir optimisé notre deck pour éviter cette frustration.

Quelques cartes du jeu. (Source : Ludovox)

Ascension mesdames et messieurs…

Pour ce qui est de la comparaison à Dominion, auquel j’ai joué avec uniquement la version de base, je trouve que l’interaction est plus présente. Pas vraiment directe (peu de cartes d’attaques), mais du fait de la ligne centrale et du nombre plus restreint de cartes de chaque type. Prendre une carte, c’est en priver l’autre, même si ça alourdit notre deck ça peut valoir le coup. Mais c’est aussi en faire venir une nouvelle qui lui sera peut-être plus utile. Bref, on fait des choix, on prend des risques, on joue certes de notre côté, mais contre l’autre quand même. Alors que dans Dominion, prendre les cartes, sauf si c’est la dernière, c’est rarement aussi gênant pour les autres joueurs, même s’il y a peut-être plus d’interaction directe. Autre différence, la rejouabilité. Pour le coup, c’est Dominion qui me semble avoir le plus de potentiel de ce côté, avec des parties qui peuvent vraiment changer du tout au tout selon les cartes disponibles. Dans Ascension, les parties sont moins variées, les actions sont souvent les mêmes, mais il y a tout juste ce qu’il faut de changement pour éviter la lassitude, c’est plus dans le tempo et dans nos choix que les parties vont être modifiées, peut-être plus subtilement. Dans Ascension, il me semble aussi moins nécessaire d’avoir un deck « pur ». Dans Dominion, certaines cartes sont vraiment des poids morts et encombrent (les cartes qui rapportent les points), alors qu’ici, aucune carte n’est absolument inutile, au pire elles sont moins bonnes que d’autres, mais elles peuvent avoir de l’intérêt, ne serait-ce que pour marquer des points en fin de partie (encore une différence qui profite, je trouve, à Ascension). Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas épurer un peu si on veut optimiser ses tirages.

Le jeu est disponible en version numérique.

Mon deck à moi il me parle d’aventures…

Dans les deux cas, jouer à plus de deux semble superflu et pesant. Dans Ascension, ça demande de plus s’adapter car la ligne centrale a plus changé lorsque c’est de nouveau notre tour, donc un peu moins contrôlable, plus chaotique, et surtout plus long… Il faut toutefois noter l’intérêt du jeu en solo, qui, s’il ne vaut pas l’affrontement, est agréable, gérer Némésis n’étant pas toujours simple : quand les cartes qui coûtent cher et qui rapportent beaucoup arrivent au début, difficile de lutter, d’autant qu’on voudrait essayer d’éviter qu’elles arrivent jusqu’aux deux emplacements fatidiques (et elles y arrivent vite), mais pour ça on a besoin de ressources, et pour prendre des ressources, on est parfois forcés de se priver de bonnes cartes de la ligne centrale.

Ascension est donc un bon jeu dans son genre, qui tout en restant dans le même domaine que Dominion, arrive à s’en distancier suffisamment pour avoir son identité propre. Les parties s’enchaînent et malgré certaines répétitions et quelques limites, on se prend au jeu et on veut recommencer. Pas un grand jeu, mais sans aucun doute un bon jeu.

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