Agalloch – The White EP

EPoustouflant

Groupe : Agalloch

Genre : Dark folk dans la neige

Durée : 32 min 32 s

Date de sortie : 29 février 2008

Tracklist :

  1. The Isle of Summer | 3:58
  2. Birch Black | 2:41
  3. Hollow Stone | 4:15
  4. Pantheist | 7:17
  5. Birch White | 3:45
  6. Sowilo Rune | 5:40
  7. Summerisle Reprise | 4:56

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Critique

Quand les longs manteaux sont de sortie, que les JT sont focalisés sur les dix centimètres de neige qui bloque notre belle capitale… pas de doute, l’hiver est de retour ! Et quoi de mieux, pour accompagner cette froide mais belle saison, que de ressortir cet EP d’Agalloch, dont le titre et la pochette collent par ailleurs parfaitement à la période ? Bien sûr, tout cela n’est qu’un vague prétexte, la qualité de The White justifiant à elle seule son écoute, et ce quelque soit la saison. Mais il faut bien avouer que se promener dans le paysage enneigé avec ce disque dans les oreilles a un charme irrésistible.

Ce qu’il y a de bien avec Agalloch, c’est qu’en plus de proposer une musique bien plus intéressante que la majorité des groupes actuels, le groupe se permet d’expérimenter et d’aller vers des territoires qu’il n’a fait que suggérer auparavant. Ce qui est encore mieux, c’est que ces essais se font non sur des albums mais sur des formats plus courts. Ce qui permet, si le résultat n’est pas concluant, de laisser tomber (au moins en partie) cette facette pour la composition d’un opus plus « important » dans la discographie des américains de l’Oregon. Succédant à l’excellent Ashes Against the Grain au son assez « lourd » et à la production massive, The White emprunte au contraire le côté le plus dépouillé et le plus « pur » et est entièrement tourné vers le dark folk, déjà présent sur des titres précédents (« The Misshapen Steed » de Pale Folklore) et semblant planer au-dessus de nombreuses compositions d’Agalloch. Ses titres ont été composés durant les années 2004-2007, le groupe aurait donc pu les intégrer à l’album de 2006 mais c’est sciemment qu’il les a réservés pour cette « expérience ».

Vous avez dit cliché ?

Aglaglalloch

Assez court (32 minutes, ce qui reste correct pour un EP), The White plonge l’auditeur dans le domaine du rêve et de l’évasion. Si le premier titre commence de façon assez guillerette avec ses voix d’enfants et sa guitare acoustique, le côté « sombre » de la musique d’Agalloch reste omniprésent. Le groupe jongle entre beauté épurée et une ambiance qui, sans aller jusqu’à l’apocalyptique, peut s’en rapprocher. Cette dualité, on la trouve par exemple entre le morceau « Birch Black » (assez « triste ») et « Birch White », beaucoup plus positif (et magnifique). Et que dire de « Pantheist » ou de « Sowilo Rune » ? Sans doute mes deux titres préférés de l’EP. Le premier brille par l’association magique des percussions presque tribales et de cordes d’une beauté à couper le souffle pour une ambiance à tomber par terre. Le deuxième est d’une exquise douceur, d’une beauté simple et touchante. Le tout est porté par la voix de Haughm, murmurée ou parlée sur les titres où elle est présente. Pour le coup, ceux qui étaient réfractaires au groupe à cause du chant black pourraient tout à fait être conquis par cet EP. Quelques faits un peu originaux qui marquent The White, le groupe a choisi d’intégrer dans trois titres (« The Isle of Summer », « Summerisle Reprise », qui achève l’album d’une manière remarquable, et « Sowilo Rune ») des dialogues issus du film de 1973 de Robin Hardy, The Wicker Man. Le texte de « Birch White », lui, est issu du poème Birch Tree d’Arthur Seymour John Tessimond. Malgré l’abandon du côté « metal », la patte Agalloch est tout à fait reconnaissable sur l’ensemble de l’opus, qui s’intègre très bien à l’ensemble de leur discographie. Alors évidemment, ceux qui ne jurent que par le folk sautillant à la Korpiklaani peuvent passer leur chemin. Pour les autres, l’écoute ne peut qu’être intéressante. Je ne prétends pas qu’elle vous convaincra, vous trouverez peut-être que cet EP est d’un ennui mortel sans rentrer dans l’atmosphère qu’il dégage (et qui m’a moi entièrement séduite). Dans ce cas, consolez-vous et dites vous que ce n’est « qu’un EP » !

The White est donc pour moi un pari réussi pour Agalloch, qui signe ici un disque à l’ambiance très calme, un peu onirique également. S’il n’est sans doute pas aussi indispensable que des albums comme Pale Folklore ou Ashes Against the Grain (ou le plus récent Marrow of the Spirit), il doit cependant occuper une place de choix pour le fan du groupe. Malheureusement limité à 2 000 exemplaires, il se trouve toujours, mais votre portefeuille ne vous remerciera pas. Toutefois, si vous en avez les moyens, je vous conseille vivement son acquisition. Profitez que ce soit encore la froide saison pour vivre l’expérience d’une grosse demi-heure de marche au calme et d’un petit voyage dans le monde du rêve. Finalement, c’est un disque comme celui-ci qu’il faudrait aux automobilistes stressés par ces quelques centimètres… de blanc.

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