Shadow Complex Remastered
Marche à l’ombre
Développeur : Chair Entertainment
Éditeur : Epic Games
Genre : Metroidvania complotiste, Action-aventure nanardesque
Plateforme : OS X, PC, PlayStation 4, Xbox 360, Xbox One
Sortie : 2009, 2015 (version Remastered)
Synopsis
Shadow Complex Remastered propulse Jason Fleming au beau milieu d’un complot gouvernemental où s’entremêlent crise militaro-industrielle et machinations politiques. Lorsqu’en pleine randonnée, notre héros et sa petite amie tombent sur un groupe armé rebelle appelé la Restauration, les deux jeunes gens réalisent rapidement que ces dangereux mercenaires sont farouchement déterminés à déclencher une série d’événements qui plongeront les États-Unis dans une nouvelle guerre civile. Mettant tout en œuvre pour éviter ce scénario catastrophe, Jason s’équipe de nombreux « gadgets » high-tech conçus par la Restauration, et devient alors une véritable machine à tuer.
Critique
Vous ne jurez que par les histoires complexes, bien écrites, à la profondeur folle et aux personnages riches et nuancés ? Il est l’heure pour vous de nous quitter, car Shadow Complex (bien que scénarisé par un auteur de comics qui m’est inconnu) s’aventure bien loin de ce territoire, préférant marcher sur le territoire du film no brain avec Steven Seagal pour protagoniste. Complot mondial, méchants très méchants, héros lambda qui devient surpuissant parce que son papa était militaire, romance adolescente, dialogues sortis d’on ne sait où, tout y est, et c’est assumé. Et comme c’est assumé dès le départ, et bien ça fonctionne parce qu’on sait où on met les pieds, là où par exemple un Uncharted n’est pas plus malin mais le prétend. Je prends l’exemple du jeu de Naughty Dog (qui a d’autres qualités, calmez-vous) parce que rapidement, au-delà du scénario, le personnage de Jason m’a fait penser à un Nathan Drake qui aurait le charisme d’une huître (no offense, mollusques), et après vérification, c’est normal, puisque c’est le même doubleur (Nolan North), hé con ! Autre banalité, la direction artistique, terne et sans saveur, surtout lorsqu’on joue à Shadow Complex en 2016, quand des titres voguant dans le même genre ont su apporter une fraîcheur de ce côté-là (Ori and the Blind Forest, Seasons After Fall…).
Epic bisous
Plutôt que de s’encombrer d’une narration touffue et travaillée et de jeter de la poudre aux yeux par ses choix artistiques, Shadow Complex choisit l’efficacité et le plaisir à travers son gameplay et son level design. Nous sommes en présence d’un metroidvania tout ce qu’il y a de plus classique, avec sa progression liée à la découverte de nouveaux pouvoirs ou de nouveaux outils dans un monde/une carte que l’on peut pourtant dès le début du jeu. Si le genre est revenu en force depuis quelques années, c’était nettement moins le cas en 2009, année de sortie du jeu sur le Xbox Live Arcade pour conclure le Summer of Arcade. La version utilisée pour cette critique est le remaster de 2015 édité par Epic (qui avait développé le jeu avec Chair Entertainment à l’époque sur l’Unreal Engine 3) ayant proposé le aux joueurs PC, PS4 et Xbox One (2016 pour ces deux dernières) qui n’auraient pas pu y toucher à l’époque. On peut légitimement se poser la question de la pertinence de cette resortie, au-delà de la possibilité d’un nouveau public, tant le marché était déjà saturé en titres du genre. Si le funest là, on constate que le titre a vieilli et a été dépassé depuis, là où son aspect revival était original en 2009 et pouvait cacher le manque d’inventivité dont est victime Shadow Complex.
Jason burne
Jason, donc, accompagne son amie Claire pour une promenade en forêt tout ce qu’il y a de plus convenable, et manque de pot voilà qu’ils tombent sur la base d’une organisation qui vise à déstabiliser le monde et en profite pour capturer la princesse, la prenant pour une espionne. Jason va donc devoir la sauver en même temps que le monde. Comme dans la plupart des jeux du genre, on commence tout nu et petit à petit, on trouve des nouvelles armes ou capacités qui vont permettre d’accéder, dans une même unité d’espace, à des lieux dont vous ne soupçonniez pas l’existence. Grenades, missiles, grappin ou masque à oxygène sont autant d’éléments qui vont aider Jason à poursuivre son exploration, découvrir de nouvelles zones obligatoires ou non au déroulement de l’intrigue, qui elles aussi contiendront des améliorations pour des éléments en votre possession (plus de grenades, augmentation de l’armure…). Pour vous retrouver dans cette base gigantesque, une carte rudimentaire mais efficace vous accompagne, formée par un damier dont chaque case correspond à un « tableau » dans le jeu, et sur lesquelles apparaissent des points d’interrogation pour vous signifier vos objectifs principaux, mais aussi les objets à récupérer. Dans ce labyrinthe, votre lampe de poche vous sera utile, permettant de mettre en surbrillance certains éléments qui seront d’une couleur indiquant l’outil à utiliser pour avancer dans cette direction.
Vase Fleming
Dans vos pérégrinations, les complotistes aux ordres de Lucius vont bien sûr essayer de vous éliminer pour mener à bien leur restauration de l’ordre passant par la destruction. Heureusement pour vous, vous êtes doué de manière absurde pour les raisons que j’ai évoqué un peu plus haut, et vous débarrasser de ces importuns ne vous posera que peu de problèmes. Vous vous déplacez en 2D, passant de tableau en tableau, d’intérieur en extérieur, et vous tirez sur vos opposants qui sont sur le même plan que vous, mais aussi sur ceux qui sont à l’arrière-plan, dans un système dont on peut donc dire qu’il est dans la fameuse 2.5D (deux dimensions pour le déplacement, une troisième pour l’animation). Armes à feu principale et secondaires entre lesquelles switcher et à munitions limitées (mais on n’est jamais trop en manque), tirs et interactions sur des éléments de décor pour exploser les alentours, mais aussi à main nues lors de cut scenes auxquelles on est habitué depuis des années et que vous pourrez réaliser plus aisément en étant discret. Et être discret, ça va être, justement, à la discrétion de l’IA, un peu aléatoire, mais au fond ce n’est pas si grave, car même s’il va vous arriver de mourir pour des erreurs d’inattention ou parce que vous avez été un peu trop gourmand, la difficulté n’est pas suffisamment présente pour frustrer le joueur d’une IA imparfaite, et ce malgré l’imprécision des tirs lorsque l’on vise l’arrière-plan. Idem pour les phases de plateforme, assez quelconques et qui ne marqueront pas par leur précision ni par leur originalité.
Shadow Complex brille donc par sa banalité thématique et mécanique, même si encore une fois il faut remettre le jeu dans son contexte de 2009 où le metroidvania était nettement moins présent que dans le paysage vidéoludique actuel dont il pâtit pour l’écriture de cette critique. Malgré cette impression de déjà-vu et déjà-fait, on ne peut reprocher au titre d’être efficace et de délivrer une expérience qui fonctionne. Le rythme se tient même s’il traîne un peu sur la fin, la progression et l’exploration propres au genre sont assez fluides (les mécaniques sont apportées petit à petit et on a tout juste le temps de les maîtriser avant d’en découvrir une nouvelle), l’interface et la carte aidant à se repérer et à éviter de trop se perdre en cassant le dynamisme et la montée en puissance qu’Epic a voulu insuffler à Shadow Complex. Le joueur un peu curieux pourra casser cette limpidité en cherchant à découvrir tous les recoins des grottes qui composent la base de vos amis qui n’en sont pas vraiment vu qu’ils vous désirent plus mort que vifs. Celui qui voudra de la difficulté pourra, outre augmenter la difficulté, repartir dans le jeu pour essayer de le speedrunner (le terminer le plus vite possible), exploitant au mieux la carte et ses raccourcis, et récompensé dans cette démarche par des trophées. Dans ce même esprit, vous pouvez vous frotter aux trois « challenge pack » qui servent tout autant de tutoriels que de défis, pour la deuxième moitié de ceux-ci.
Si lors de sa sortie en 2009 on pouvait accorder à Shadow Complex de revisiter un genre qui n’était plus sur le devant de la scène, on peut questionner le choix de proposer une version remasterisée en 2015. Ce qu’elle met en avant, c’est surtout qu’à part cet aspect revival, le complexe ombragé n’est qu’un metroidvania de plus dans la longue histoire du genre, ne brillant ni par ses mécaniques, ni par ses choix scénaristiques ou artistiques d’une banalité terne et un peu triste. Pour les fans du genre, il demeure toutefois un titre bien rythmé, efficace, qui utilise convenablement et malgré quelques soucis son côté 2.5D. Et parfois, l’efficacité banale vaut mieux que l’originalité lourdingue.
Amoureux de la culture au sens large, je tente de pratiquer à la fois approfondissement et élargissement, sans que jamais ce ne soit sale. Né la même année que la chute de mur de Berlin (coïncidence ? pas sûr…), j’ai été bercé par Picsou Magazine, les Tortues Ninja, les Minikeums, Pokémon ou encore Final Fantasy VII. J’ai tendance à écrire et parler plus que nécessaire, je vais donc me contenter d’ajouter que je suis aussi professeur des écoles.
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