Year of no Light – Ausserwelt
Un voyage sombre, en dehors du monde réel.
Gros changement de format et d’orientation musicale pour les Aquitains de Year of no Light. Les morceaux prennent de la longueur et franchissent la barre des dix minutes, et surtout, on oublie le chant et on fait place à une troisième guitare. en 2010 le groupe devient un sextet purement instrumental jouant cette fois-ci dans la cours du post-rock/postcore (n’en déplaise à certains).
De son passé post-hardcore/sludge, YONL a conservé à la fois son lyrisme mélodique et son ambiance angoissante et oppressante. La première partie de « Perséphone » confirme parfaitement cela, notamment grâce à une étendue mélodique et aérienne somptueuse, rappelant par moment le shoegaze à l’anglaise. L’absence de voix gutturale et de violence fait même que l’on se demande finalement si l’on est bien en train d’écouter Year of no Light. Pourtant, dès les prémices de la seconde partie de « Perséphone » on commence tout de suite à comprendre où l’on se trouve. La rythmique se fait tribale, presque martiale, tandis qu’en arrière plan se dresse un souffle angoissant et abrasif. Des riffs saccadés et lourds viennent nous asséner des coups de temps à autres, puis le groupe nous relaissent tomber dans ce gouffre abyssale creusé par la batterie et les longues plages de guitares. On est pris à la gorge, incapable de se défaire.
Alors que l’on se remet à peine de nos émotions, « Hiérophante » vient tout massacrer sur son passage. Une sorte de tremblement de terre musical s’abat sur l’auditeur qui se fait happer dans ce déluge sonore et sonique. La noirceur prend clairement le dessus ici, pourtant, en écoutant on ressent parfaitement un éclair d’espoir derrière tout ce magma, notamment grâce aux plages de guitares typées shoegaze ou encore aux sonorités électro/claviers disséminées ça et là. L’assourdissant final montre la voix vers une lueur à peine palpable que serait la prochaine piste. « Abesse » semble sonner la fin de ce périple, plus dramatique, presque religieux voire mystique – et pourtant très violent – le morceau nous fait miroiter un peu de lumière avant de nous renvoyer, recroquevillés sur nous-mêmes, profondément dans les abysses.
S’il est clair que l’on se retrouve face à un album de postcore, Year of no light semble se débarrasser de toute limitation ou tout code stylistique. A cette époque, rarement un disque de post-rock n’aura été aussi intensément sombre. Le groupe trace son chemin vers des abysses musicaux emprunts de noirceur et nous entraîne avec. Un album à ne surtout pas écouter dans un passage à vide, l’issue pourrait en être fatale.
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